Dans la forêt de Maya

Dans une très très vieille revue d’astrosophie, j’ai trouvé cette jolie histoire écrite par James M. Warnack (rédacteur de la revue « East-West » de Californie…à l’époque !)

« Dans une forêt ténébreuse, deux voyageurs longtemps perdus dans l’ombrage et les buissons épineux, se rencontrèrent subitement. Ils échangèrent leurs doléances et se racontèrent l’un à l’autre, leurs dures épreuves dans la forêt. Le nom d’un de ces voyageurs était Foi et le nom de l’autre était Doute.
– Et où irez-vous maintenant ? demanda Doute.
– J’essaie de sortir de cette forêt obscure, pour trouver les champs baignés de lumière.
– Comment savez-vous qu’ils existent – ces champs lumineux ?
– Je ne suis qu’un enfant dans la sagesse, et je n’ose pas dire que je sais, répondit Foi. Mais ma raison me dit que le monde entier ne peut pas être qu’une forêt, et quelque chose dans mon esprit me dit que si je marche assez longtemps, dans la même direction, je sortirais de cette jungle.
– Comment êtes vous venu dans cette forêt ?
– Je ne sais pas.
– vous avez souffert dans ce lieu sauvage ?
– Beaucoup.
– Quelle peut bien être l’Injustice Cosmique qui nous cause cette souffrance ?
– Je ne crois pas du tout à la Cruauté Cosmique, affirma Foi. Je crois que c’est de ma faute si je suis ici. Il me semble qu’une fois, je vivais dans les champs baignés de lumière, mais que ma curiosité touchant cette forêt m’y fit venir et je n’ai pas pu en ressortir.
– Quel Dieu maléfique a pu créer un tel piège pour nous tenter ?
– Chaque homme est son propre tentateur. Je ne crois pas que cette forêt soit réelle. Pour moi, c’est une projection de nos pensées, seulement. Même si elle est réelle, il n’y a rien de maléfique dans la forêt ; la faute est la nôtre, si nous nous y laissons prendre.
– Vous êtes stupide ! déclara Doute, avec colère.
– Personne ne connait mieux que moi l’étendue de mon ignorance, accepta Foi. Mais, en sachant que je suis ignorant, j’ai au moins la possibilité d’apprendre. Je sais que je me suis égaré, alors j’ai une raison de croire que je retrouverai mon foyer. Essayons. Voulez-vous m’accompagner ?
– Je ne veux plus marcher. Je ne vois aucune raison de supposer qu’il y a une fin à cette forêt. Je vais rester ici et maudire la Puissance qui m’a mis dans une telle situation, jusqu’à ce que la Mort arrive pour me prouver qu’il n’y a pas d’autre moyen d’en sortir.
Foi le laissa là, étendu sur la mousse humide, et reprit son chemin. Il avait faim et ses pieds étaient déchirés par les pierres et les ronces, car depuis longtemps ses souliers étaient si troués qu’ils lui faisaient plus de mal que de bien. Le jour n,’était pas fini quand il se jeta sur la terre, épuisé.
Mais il savait qu’il y aurait un lendemain.
Et juste au moment où il allait s’endormir, les derniers rayons du soleil couchant lui montrèrent les champs ensoleillés, pas très loin, au bord de la forêt. Il s’endormit, une prière de reconnaissance sur les lèvres.
Il savait que Demain arriverait.